retour sur la condition ouvrière

un livre

brèves

01 mai 2001

 

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La condition ouvrière est devenue la grande inconnue de la société contemporaine. Méprisée depuis cinquante ans ("tu vas finir ouvrier, en bleu et avec la gamelle..."), "dégraissée" en masse, son identité sociale piétinée, l'ouvrier semble être une espèce en voie de disparition.

Le livre de Stéphane BEAUD et de Michel PIALOUX a le mérite de remettre un peu les choses à leur place. Dans leur étude, les auteurs s'attachent à décrire la condition des ouvriers de Peugeot dans les usines du pays de Montbéliard. Et, si la "classe ouvrière" semble avoir disparu du paysage social français, l'on constate qu'elle existe évidemment toujours. Les conséquences de sa perte d'identité sont pénibles voire tragiques pour ses membres et pour leur famille. Elles sont, aussi, menaçantes pour la société française dans son ensemble : c'est tout un pan de notre histoire récente qui risque de s'effacer.

L'ouvrier sidérurgique occupe une place particulièrement peu enviable dans l'imaginaire de la société française. Emile Zola n'est jamais bien loin lorsque l'on évoque les hommes de l'acier. L'intérêt populaire s'est détourné de la sidérurgie avec la crise des années 75-95 ; pourtant, loin d'être un monde mort et figé, la sidérurgie a considérablement évolué durant ces trente dernières années qui ont défait sa réputation ; des témoignages comme celui, relaté dans "Ugine-sur-Mer", d'Omar ZEGHOUDI, ou encore ceux d'Adrien PRINTZ ("De fer et de fumées") ne pourraient plus exister aujourd'hui.

Stéphane BEAUD et Michel PIALOUX sont sociologues, maîtres de conférence à l'université (nantes et Paris-V) et chercheurs à l'EHSS ainsi qu'au laboratoire de sciences sociales ( l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm).

C'est bien là que la lecture de ce "retour" revêt, en ce qui nous concerne, un intérêt particulier : la condition des sidérurgistes contemporains est réellement moins dure que celle des ouvriers de l'automobile. La leçon mérite d'être méditée à l'heure où se profile l'entrée de nouveaux personnels dans les deux usines de Fos, et où certains se plaignent "que l'on envisage de réouvrir l'immigration afin de pourvoir les postes de travail dont les français ne veulent plus".

 

 

Retour sur la condition ouvrière, BEAUD S., PIALOUX M., Fayard 1999 (450 pages), prix : FrF 140 >